En 2010, quelque 200 combattants de groupes armés non étatiques, ainsi que des déserteurs de l’armée congolaise, ont attaqué des civils dans le territoire de Walikale, en République démocratique du Congo (RDC). Pendant quatre jours, les combattants ont violé de façon systématique au moins 300 femmes, 55 filles, 23 hommes et 9 garçons. Une enquête de l’ONU a révélé que la violence avait eu lieu non loin d’une base opérationnelle de compagnie de la mission de maintien de la paix en RDC (MONUSCO). L’enquête a également montré que la base en question ne disposait pas du personnel adéquat pour entrer en contact avec la population locale, et surtout que le personnel de maintien de la paix n’était pas informé « de la protection proactive et des techniques d’alerte qui auraient pu maximiser leur capacité à intervenir lorsque les attaques ont eu lieu. »
Le viol collectif de Walikale est l’un des nombreux épisodes de violence à grande échelle en RDC et d’autres situations de maintien de la paix de l’ONU qui a poussé les soldats de la paix, le Secrétariat de l’ONU, les États membres de l’ONU et d’autres parties prenantes à intensifier leurs efforts afin de veiller à ce que les missions de maintien de la paix aient les capacités et la volonté d’intervenir et de réagir rapidement aux menaces de violence contre les civils. Dix ans plus tard, il est largement établi que la capacité des missions à identifier et analyser les menaces imminentes et émergentes contre la protection et à y répondre est essentielle ; ce processus est appelé « alerte précoce et de réponse rapide ». Toutefois, malgré les innovations importantes de la dernière décennie, les politiques et orientations sur les alertes précoces et réponses rapides dans le maintien de la paix à l’ONU restent à l’état embryonnaire.
Élaborée à partir de recherches menées précédemment par CIVIC en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Mali, en République centrafricaine, ainsi que de sources secondaires, la nouvelle note d’orientation de CIVIC, Systèmes d’alerte précoce et de réponse rapide: quelle mise en œuvre par les opérations de maintien de la paix de l’ONU ?, a pour but de sensibiliser sur les nouveaux efforts à déployer pour renforcer les politiques et pratiques d’alerte précoce et de réponse rapide dans le contexte du maintien de la paix des Nations Unies. La note traite des composantes clefs d’une alerte précoce et réponse rapide efficace, dont : la mobilité, le contact permanent avec les populations locales, et le lien entre l’évaluation de la menace en tenant compte du genre et l’analyse d’une part, et la planification et la prise de décision d’autre part. La note fournit également une vue d’ensemble de l’évolution de l’alerte précoce et de la réponse rapide à l’ONU en maintien de la paix, et examine les leçons tirées de recherches secondaires sur l’alerte précoce dans les situations de conflits armés.